A State Of Trance était de retour aux Pays Bas dans un nouveau lieu et sous un nouveau format. L’occasion de renouveler l’expérience après 4 ans. C’est sans doute le festival que j’ai le plus expérimenté ces dernières années, avant de tourner la page et de m’orienter vers d’autres styles et communautés. Cette édition 2024 était l’occasion de tourner la page pour de bon. Après 6 mois à Bali et plus de deux années à vivre en été, j’ai eu la bonne idée de revenir en Europe pour aller en festival expressément. Le week-end aura surtout été une lutte contre le froid et le décalage horaire 😅.
Comme toujours, un récap complet est publié sur Guettapen, ici l’idée est d’apporter un point de vue plus personnel et différent sur cet événement. Pour la mise en contexte, j’ai assisté à toutes les éditions d’A State Of Trance aux Pays Bas depuis 2013, lors de la dernière à Den Bosch, avant le déménagement à Utrecht en 2014. Je n’ai pas manqué une édition jusqu’en 2020, et également participé à ASOT Miami 2018 et ASOT Tomorrowland 2019.
Cette année marquait à la fois une fin et un renouveau. Une fin car je sens désormais une déconnexion entre moi et la scène Trance et un renouveau car le festival s’est cette année tourné vers un nouveau lieu et d’autres styles, tel que la Melodic techno. J’ai d’ailleurs passé le week-end sur la scène dédiée à ce style. Cela symbolise parfaitement mon désir de tourner la page. Il est temps pour moi de définitivement tourner la page. Mais avant cela, retour sur ce festival atypique.
Comment A State Of Trance continue à perdurer ?
A State Of Trance est une marque bien établie et influente sur la scène Dance Music, même si elle a souffert des confinements et de l’explosion de la Melodic Techno (qui est, avouons-le, fortement inspirée du courant Trance), n’a pas dit son dernier mot. A State Of Trance repose sur deux piliers solides qu’il sera difficile de faire vaciller.
Le radioshow qui ne vacille pas depuis plus de 20 ans
D’un coté, nous avons l’engagement de la communauté Trance et notamment les fans d’Armin van Buuren. Cet engagement très fort provient notamment du radioshow hebdomadaire A State Of Trance et de sa volonté de proposer un épisode tous les jeudis de 20h à 22h CET depuis plus de 20 ans, avec consistance. Cela engage la communauté, parfois jusqu’à ce qui peut s’apparenter à du fanatisme. On peut retrouver des comportements proches d’un culte ou d’une religion dans l’audience d’A State Of Trance. Cela peut parfois afficher des comportements perturbants : les fans comparent le nombre de photos pris avec Armin dans année, prêts à tout pour être au premier rang lors des concerts… Mais ça reste bon enfant.
Un écosystème propice à l’évolution du festival
De l’autre, A State Of Trance est inscrit dans un écosystème massif qui offre à l’événement une créativité sans limites. Au delà du radioshow et du festival, A State Of Trance est un sous-label d’Armada Music, considéré comme le plus gros label Dance Music indépendant. Cofondé par Armin van Buuren, Maykel Piron et David Lewis, Armada Music est reconnu comme un label à l’influence sans pareil sur notre scène. A State Of Trance et d’autres sous labels constituent l’écosystème Armada. Cela leur permet d’être aux premières loges pour découvrir les artistes émergents du style et ainsi se constituer un vivier de DJ producteurs à mettre en avant à la radio ou lors des événements.
Au delà du label, l’aspect production du festival est assuré par ALDA. C’est n’est nulle autre que l’entreprise derrière Amsterdam Music Festival, Armin Only, I Am Hardwell ou le SAGA Festival. Co-fondée par Allan Hardenberg et David Lewis, le manager d’Armin van Buuren. Cette société de production rend possible toutes les idées les plus folles du festival. ALDA appartient désormais à Insomniac, le groupe derrière EDC, ce qui lui apporte un support financier considérable. Elle s’appuie sur le talent de l’agence créative TWOFIFTYK, dont le cofondateur Sander Reneman n’est nul autre que le tour manager d’Armin. C’est cet écosystème gigantesque qui rend possible la création d’un tel événement.
L’ouverture vers de nouveaux horizons
Cependant, on sent le vent tourner. De nouvelles super productions ont vu le jour. On pense notamment à Afterlife et toute la scène Melodic Techno. Et les équipes d’A State Of Trance ne l’ont pas ignoré. Cette année, une scène entière était dédiée à ce style. Avec des artistes comme Colyn, ARGY, Coeus, Space Motion, Miss Monique, HI-LO, Joris Voorn… A State Of Trance a longtemps exploité le style du même nom, mais c’est le revers de la médaille d’assumer un style jusqu’à l’inclure dans le nom du concept. C’est désormais difficile de se détacher de l’image à laquelle le style est attaché et cette volonté de s’ouvrir à de nouveaux univers montre le désir de toucher de nouvelles communautés.
Un format qui fonctionne toujours malgré quelques limites
Mais c’est loin d’être la fin. Ce week-end, A State Of Trance investissait le Ahoy Rotterdam pour une édition haute en couleur. Une édition qui témoigne du potentiel mais aussi des limites du festival. Il semble que le départ du Jaarbeurs Utrecht n’ait pas fait trembler l’organisation. La production était à la hauteur, la gestion de flux et le show exceptionnel garantissaient une expérience excellente. On a cependant atteint certaines limites. Les ventes du vendredi étaient moindres. Au delà des fans récurrents, on sent que le festival peine à toucher une nouvelle audience. Les venues de Morten et Maddix en Area 1 n’ont pas convaincu, le festival était beaucoup moins rempli le vendredi. Pour la première fois dans l’histoire d’A State Of Trance, il était possible de rejoindre la Mainstage durant le set d’Armin van Buuren ce soir là.
Cette année encore, le festival a redoublé d’ingéniosité pour nous proposer une production hors du commun, les scènes étaient originales et spectaculaires, à l’exception de l’Area 5, qui donnait le sentiment d’être réalisée en urgence. Problème de temps ou de budget ? Quoiqu’il en soit, cela ne ressemble pas à A State Of Trance de délaisser une scène de la sorte.
Des conférences fascinantes sur A State Of Trance
L’addition non négligeable de cette année était l’Hôtel ASOT. Un hôtel complet mis à disposition du festival pendant 2 jours. Les festivaliers pouvaient loger à l’hôtel et avant tout assister à une série d’activités et de conférences durant les journées. Avec notre pass presse, on a pu y accéder gratuitement et assister à une série de conférences le samedi. Je ne vous cache que la lutte contre le décalage horaire et la fatigue du vendredi soir m’a compliqué la tâche, mais cela n’enlève en rien la qualité des conférences et speakers. Au programme : l’évolution de la marque A State Of Trance, la confection du festival avec TWOFIFTYK, un panel sur la santé mentale avec Armin van Buuren ou encore un Q&A avec l’équipe d’A State Of Trance Radio.
La plus intéressante pour moi était de loin la conférence avec TWOFIFTYK, durant laquelle ils nous ont présenté leur process de création du festival, en partant de l’identité graphique (Logo, couleurs, polices…) jusqu’à la confection des scènes et la création des visuels en accord avec le thème de cette année. Le thème qui n’était nulle autre que la ville de Rotterdam. Seul bémol à cette journée, le public présent à ces conférences n’était pas composé de journalistes et de professionnels comme on pourrait le penser, mais de fans ultimes du festival (Encore eux), ce qui rendait les sessions de questions réponses quelque peu gênantes. Certains étaient ici uniquement pour voir les artistes de près. Cela contraste avec d’autres événements comme l’Amsterdam Dance Event où les conférences sont à destination de professionnels.
A State Of Trance, ça continue ?
Cependant, c’était toujours un plaisir de retourner aux Pays Bas, malgré la pluie et la fatigue. On passe toujours un bon moment à A State Of Trance. C’est l’occasion de revoir des amis de longue date, de se remettre en jambe pour la saison des festivals d’été qui approche et de donner du répit à nos oreilles avec de la vraie musique avant de retourner entendre les immondices que l’on nous sert à la radio. C’était sans doute la dernière édition pour moi. Il est temps de tourner la page et de s’orienter vers de nouvelles expériences. La liste des festivals à expérimenter reste longue, tout en continuant d’aller aux traditionnels EXIT Festival et Tomorrowland. Cela implique malheureusement de faire une croix sur d’autres événements. A State Of Trance fait désormais parti du passé pour moi, mais l’aventure était belle et les souvenirs restent innombrables !
Les prochains festivals sur ma liste ne sont pas des moindres. Les 8 et 9 mars, rendez-vous à Belgrade pour Illusions Festival, un concept Audio-visuel dans la capitale serbe que je chéris tant. Et fin mars, Tomorrowland Winter retourne à l’Alpe d’Huez, pour ce que sera sans doute la semaine la plus intense de ma vie. Au programme, Musique, Ski, Interviews, Dj sets, Afterparties et éventuellement dormir !